Du 20 au 30 Octobre 2025, PADEM a réalisé une mission exploratoire au Népal pour découvrir le pays et rencontrer des potentiels partenaires. Valérie, enseignante en école primaire et nouvelle membre du Conseil d’Administration de PADEM à accompagné et guidé l’équipe durant son voyage. Retrouvez son témoignage : 

EDUQUER, FORMER , PROTEGER , trois mots  forts qui ressortent de nos rencontres

J’ai eu la chance de participer à la première mission exploratoire de PADEM au Népal, qui est un deuxième voyage pour moi dans ce beau pays en voie de développement, enclavé entre l’Inde et la Chine. Ce pays est une République Démocratique Fédérale , il est multi-religieux à très forte majorité hindouiste.

Nous avons rencontré plusieurs ONG locales qui ont toutes pour points communs d’avoir de réelles convictions et de mener de belles initiatives pour un changement durable .

Notre voyage coincidait avec la période du festival des lumières appelé Tihar, et malgré les congés, nous avons été accueillies très chaleureusement par toutes les fondations.

Dans l’ordre, nous avons rencontré Radha PAUDEL de Radha PAUDEL Foundation  qui lutte contre les systèmes oppressifs institutionnels, structurels, interpersonnels et sociaux qui affectent les femmes à cause de leurs menstruations et qui a pour but de faire gagner aux femmes une dignité menstruelle dans une société patriarcale où elles sont considérées comme impures pendant leurs règles.

Radha a été ébranlée dans son enfance par le statut de la femme menstruée et s’est rendue compte que la discrimination menstruelle existe partout dans le monde à divers degrès et renforce le pouvoir patriarcal. Radha PAUDEL est « un petit bout de femme » incroyable de par sa détermination et sa pugnacité pour mener un combat contre l’ordre établi.

Puis, nous avons visité l’orphelinat NEW PEACE CHILD HOME qui accueille environs 15 enfants de 6 à 23 ans. Il est dirigé par Krishna Ghimire qui recherche une solution de financement car son principal pourvoyeur de fonds, l’association Lotus, enfants du Népal,  va cesser son activité, leurs membres fondateurs étant trop âgés. Il recherche également une habitation avec jardin pour permettre aux enfants d’avoir un terrain de jeu en extérieur et pourquoi pas, effectuer des plantations de légumes. Le bailleur de l’immeuble souhaite qu’ils libèrent cette location. Dans cette structure, les membres vivent comme une famille où le respect mutuel et le partage semblent être des valeurs primordiales. Les enfants étaient heureux de recevoir des jouets et des vêtements de PADEM. Ils nous ont offert en retour des chants et des danses népalais.

Ensuite, nous avons été dans les locaux de SASAJA (Samyukta Safai Jagaran ), une ONG qui travaille dans le secteur des déchets. L’objectif de cette organisation est d’améliorer les conditions de vie des travailleurs informels des déchets grâce à un système intégré de gestion des déchets solides et de plaider pour leur protection et leur reconnaissance sociales. On ne peut que féliciter les membres de cette ONG qui s’occupent des « oubliés » de la société pour leur offrir un peu d’humanité, éviter aux enfants de ces « waste pickers » de reproduire les schémas de leur parents en leur offrant d’autres solutions d’avenir.

Nous avions, après cela, rendez-vous avec la fondation HECAF 360 (Health Environment and Climate Action Foundation), fondation efficiente qui intervient dans trois domaines interdépendants : la santé, l’environnement et le climat. Son fondateur est Mahesh Nakarmi, un ingénieur népalais. Cette fondation est surprenante par les différentes actions qu’elle a déjà menées. Au service des femmes, elle promeut l’hygiène menstruelle et l’élimination sûre des déchets hygiéniques menstruels pour des menstruations dignes. L’idée de fabriquer des serviettes hygièniques en tissus réutilisables et de fournir une boite rangée dans un joli pochon est tout simplement ingénieuse pour les femmes népalaises qui utilisent encore, pour certaines, des linges de récupération. HECAF 360 a mené sa propre expérimentation sur la biodégradabilité des serviettes hygièniques. Elle mène aussi des actions en faveur du tri des déchets à l’école, où les élèves apprennent le tri dans différentes poubelles. Les élèves gèrent un club autonome qui gagne de l’argent grâce au tri ce qui incite les familles à reproduire cette gestion des déchets. Par l’école, la société se transforme de manière durable.

Nous étions stupéfaites par les pratiques de certains hôpitaux sur les déchets : rien n’est mis en place dans certains établissements pour récupérer les déchets dangereux : seringues, médicaments, déchets organiques se retrouvent dans la nature polluant l’eau et exposés à tous. Les collecteurs de déchets se contaminent avec des seringues, l’eau de consommation est souillée, transmettant ainsi des maladies à l’insu des citoyens.

C’est à ce moment que nous avons remarqué le fil conducteur entre les différentes Fondations : elles s’attaquent pour beaucoup aux problématiques liées aux collecteurs de déchets ; aussi, beaucoup s’attachent à améliorer la condition de la femme. Et elles  valorisent toutes l’humain dans sa dignité, celle des collecteurs de déchets, celle des femmes, celle de tous en les sensibilisant sur leurs DROITS FONDAMENTAUX. Elles transforment la société par le bas, par la formation des jeunes, par l’Education.

Nous avons poursuivi par la rencontre de PSD (Partnership for Sustainable Development Nepal) qui autonomise les communautés vulnérables à travers le Népal grâce à des projets d’éducation, de santé, d’environnement et d’autonomisation des femmes. Nous avons visité une école, un collège et un centre de soins financés par cette ONG. Le matériel scolaire semble assez sommaire, malheureusement l’état népalais participe peu au financement des écoles.

Nous avons visité un foyer pour jeunes filles victimes d’exploitation en tout genre créé par CHHORI qui veut dire « fille » en népalais. C’est une fondation qui lutte contre la discrimination structurelle. Sa fondatrice, Hira DAHAL, est une femme incroyablement résiliente. Sa propre histoire l’a amenée à défendre le droit des femmes.

Et Hira sème ses projets à travers le pays, avec notamment la création de clubs autonomes pour les enfants, et des clubs pour les femmes qui leur assurent un lieu de parole et d’échanges. L’occasion d’apprendre par exemple, que,non, le mariage des jeunes filles n’est pas quelque chose de normal…

Nous avons été ensuite accueillies par Pramita et Santosh de Aama Népal Foudation , (Aama veut dire maman en népalais) qui forme, informe de manière juridique et conseille les femmes, notamment les plus pauvres afin qu’elles soient autonomes, libres et puissent devenir pour certaines, auto-entrepreneures. Aussi,le but est de favoriser l’égalité des sexes et la justice sociale. Cette fondation travaille également avec les waste-pickers (collecteurs d’ordures).

Pramita est tout aussi impressionnante par l’énergie qu’elle dégage et sa détermination. Elle même victime de violence dans son couple, elle s’est libérée du joug de cet époux violent et a trouvé la force de se battre pour s’offrir puis offrir aux autres de meilleures perspectives de vie.

Toutes ces ONG sont remarquables de par le travail accompli et elles transforment petit à petit une société où la DIGNITE HUMAINE n’est pas encore un LEITMOTIV. Toutes leurs actions améliorent la vie des individus par un effet domino où tout est interdépendant.

Ce qui nous interpelle, c’est qu’elles pallient finalement aux manquements de l’ETAT : la protection des femmes, la protection des enfants, celle des travailleurs, la formation, n’est-ce pas de son ressort ?

Une lueur d’espoir luit toutefois dans l’obscurité grâce à ces personnes courageuses qui sont, pour beaucoup, des femmes.

Ce proverbe mexicain aurait pu être de l’une d’entre elles.

Valérie DOUDOT

« Ils ont voulu nous enterrer, ils ne savaient pas que nous étions des graines ».