Du 04 septembre au 13 septembre 2023, deux membres de l’équipe PADEM (Camille et Charlène) se rendent en Mongolie pour une mission exploratoire en prévision du prochain Accord Cadre (AC3) avec le Ministère des Affaires Étrangères et Européennes du Grand-Duché de Luxembourg. L’objectif de ce voyage est d’assurer une transition fluide et harmonieuse entre les projets en cours et les nouveaux projets ainsi que le renforcement des capacités des acteurs locaux.

Arrivé à Oulan-Bator, le doux lever de soleil sur les steppes mongoles semble nous souhaiter la bienvenue. Nous sommes chaleureusement accueillies par Bolor, consultante de PADEM en Mongolie, qui nous accompagne sur cette mission. Les retrouvailles pour Camille et Bolor se font joyeuses et Charlène est immédiatement à l’aise pour sa première expérience sur le sol mongol.

Les premiers jours de travail depuis la capitale sont consacrés aux questions administratives de PADEM ainsi qu’à la programmation opérationnelle des futurs projets du nouvel Accord-Cadre. Nous travaillons avec Ariunzul, coordinatrice de l’ONG partenaire ADINA, sur les procédures d’accord cadre pour le projet de création d’une plateforme de formation en ligne sur l’éducation inclusive pour les enseignants du primaire et du secondaire en Mongolie. À ce jour, les enseignants ne sont pas formés et ne disposent pas des connaissances suffisantes pour travailler avec des enfants en situation de handicap. Cette situation constitue un obstacle majeur à la scolarisation des enfants handicapés dans les écoles ordinaires, portant préjudice à leur développement personnel et à leur indépendance. Ce projet de plateforme éducative a pour vocation à devenir un outil national pour les enseignants du primaire et du secondaire afin d’améliorer la qualité de l’éducation pour les enfants handicapés.

Vendredi le 8 septembre, nous quittons la capitale pour faire des visites de terrain avec les autres partenaires locaux de PADEM et aller à la rencontre des habitants des « ger district » (« quartiers de yourtes »). Sur le chemin, un premier arrêt nous amène à la rencontre d’un homme souffrant d’une déficience visuel dans le district de Khonkhor, à environ une heure de route d’Oulan-Bator. À travers le travail de l’équipe de Wash Action Mongolia (WAM), il bénéficie de l’installation d’une cabine de toilettes dans son jardin, comme 39 autres bénéficiaires du projet. Ces latrines à fosse respectent les normes sanitaires du gouvernement mongol.

Nous reprenons ensuite la route vers le district de Nalaikh où nous rencontrons une famille qui a pu devenir propriétaire de leur yourte grâce au système de microcrédit de la Fédération Nationale Mongole pour les Aveugles (MNFB). Dans le cadre de ce projet, ce sont 25 familles vulnérables, avec des membres ayant une déficience visuelle, qui bénéficient d’un fonds de microcrédit et des formations à sa gestion pour acquérir un nouveau logement ou améliorer son isolation. MNFB et PADEM accompagnent l’intégration et la participation à la société des personnes malvoyantes et aveugles.

Les conditions d’accès à l’eau des habitants des quartiers de yourte demeurent extrêmement précaires. Les habitants doivent se fournir en eau (pour la cuisine, les tâches ménagères, la toilette) à un point de vente au cœur du district en apportant leurs propres contenants. Les bénéficiaires ont été sensibilisés au bon usage des contenants à eau et à leur stockage et leur connaissance en matière d’hygiène sont renforcées. Lors de cette visite de terrain, il ressort que le point de collecte en eau peut aussi devenir un espace de rencontre et d’affichage de campagne de sensibilisation aux gestes de protection contre les maladies d’origine hydrique.

Notre chemin se poursuit avec la visite d’une décharge à ciel ouvert, installée à proximité des habitations. La problématique de la gestion des déchets est prégnante dans les projets d’aide au développement, mais l’absence de système national de tri des déchets ralentit les processus d’amélioration de leur gestion. Les porteurs de projet en Mongolie y sont très sensibles et cette question des déchets réapparaît lors du travail commun sur l’écriture d’un nouveau projet en Mongolie quelques jours plus tard. À l’heure du déjeuner, nous rencontrons le gouverneur du district de Nalaikh qui soutient les projets de PADEM dans le district et se dit prêt à apporter son aide.

Le dernier arrêt sur le terrain se fait dans deux garderies (« Kindergarten ») où nous rencontrons les responsables locaux qui nous font part des défis auxquels ils font face, notamment pour assurer l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement des enfants. Pour l’une des garderies, seules deux toilettes (un pour les garçons, un pour les filles) sont disponibles, sans système d’évacuation direct, pour une trentaine d’enfants. Dans l’autre, les enfants disposent d’un bloc de 3 latrines. De plus, l’eau de la garderie est stockée dans de grandes cuves à eau, ce qui ne facilite pas les tâches quotidiennes et la préparation des repas pour les enfants. Les rencontres avec les partenaires et bénéficiaires permettent de mieux saisir leurs besoins et les visites de terrain permettent de constater la réalité des obstacles du quotidien.

Les deux jours suivants sont consacrés à un séminaire de travail avec les partenaires locaux (Wash Action Mongolia, Healthy Life Organisation et The Mongolia Federation for the Blinds) présentent chacun leur tour les résultats des projets menés, puis un temps de réflexion collaboratif est dédié à l’écriture d’un nouveau projet en Mongolie. Les objectifs des projets ont dans l’ensemble été atteint, ce qui constitue un moteur puissant d’encouragement pour PADEM et les partenaires locaux à poursuivre les actions. Le nouveau projet en cours d’écriture porte sur l’isolation des maisons et la proposition des solutions simples d’isolation dans la cadre du travail de l’ONG Healthy Life Organisation. De même, le projet d’amélioration des conditions environnementales et de santé en travail avec Wash Action Mongolia intègre la dimension de la gestion des déchets et du recyclage.
Cette mission se conclut donc sur une note très positive. Les résultats des projets de l’année en cours ont permis aux partenaires et à PADEM de mettre en lumière les bonnes pratiques réplicables pour les projets futurs. Les échanges et le travail collaboratif de 3 ONG sur le terrain et de PADEM offrent beaucoup d’espoir aux projets menés collectivement ! L’accueil chaleureux des bénéficiaires, comme des partenaires, reste gravé dans nos mémoires à notre retour en France. Cela ne donne qu’une envie : continuer à œuvre pour améliorer le quotidien des bénéficiaires.

Récit de Charlène SERFASS et Camille PERRET.