Relancer les constructions en terre en Mongolie pour une économie verte et locale
A Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie, le quartier des yourtes est la principale zone résidentielle abritant 60% de la population de la ville. Les yourtes et les maisons individuelles situées dans ce quartier sont généralement bâties par les propriétaires eux-mêmes ou par des constructeurs non professionnels. En parallèle, les pressions environnementales et les préoccupations concernant la rareté des ressources continuent d’augmenter. Certains architectes et constructeurs reviennent alors à l’une des plus anciennes méthodes de construction au monde : la construction en terre. La construction en terre a en effet été largement employée au cours des derniers milliers d’années par toutes les civilisations mondiales. En raison de leur durabilité et de leur caractère sûr et respectueux de l’environnement, elle a par exemple été utilisée dans les temps anciens pour édifier de nombreux monastères bouddhistes en Mongolie, qui ont tenu des siècles malgré le rude climat du pays. PADEM et son partenaire local HLO (Healthy Life Organization) ont récemment organisé deux semaines d’ateliers de développement de ces techniques. Ces ateliers, animés par l’architecte Chinbadam D., ont rassemblé 30 personnes des quartiers de yourtes d’Oulan-Bator et avaient pour but d’expérimenter deux méthodes de construction : les briques de terre comprimée et le pisé. Pour les briques de terre comprimée, deux presses manuelles ont été conçues et fabriquées en fer par le coordinateur technique de PADEM, Kévin Mahé, sur la base d’expériences précédentes. Le coût de production d’une presse manuelle est d’environ 100 euros. Après avoir rempli la presse avec le mélange de terre, un levier permet de la comprimer à la main et d’obtenir une brique compressée. Plusieurs essais ont été effectués car en fonction de la teneur en eau du sol, la brique finie est plus ou moins manipulable. Tous les participants de ces ateliers ont réussi à fabriquer de nombreuses briques. La deuxième technique développée au cours des ateliers était celle du pisé (compression de la terre in situ par battage). Cette technique nécessite des compétences en menuiserie afin de fabriquer des moules solides, capable de résister à de fortes pressions. Ensuite, les moules sont remplis de terre par couches successives et sont battus à la main. Là aussi, les participants ont conçu plusieurs prototypes et érigé un mur de 2 mètres de haut. Ces 2 technologies demandent des efforts et du temps mais sont sans danger pour la santé, économiques, d’origine locale, écologiques et peuvent être vectrices de génération de revenus pour les populations, a contrario de l’ensemble des matériaux de construction usuels. Aussi, ces matériaux peuvent participer à une plus grande indépendance de ces populations vulnérables. Ces méthodes ont donc une dimension sociale, économique et environnementale. Tous les participants, non qualifiés initialement, se sont pleinement impliqués dans ces ateliers et certains envisagent de mettre en œuvre ces technologies à l’avenir, pour la construction de leur propre maison ou clôture. Ce projet de développement de construction en terre et de logements durables a débuté au premier trimestre 2020 et durera 18 mois. En vue de son essaimage auprès d’autres communautés mongoles et de la jeune génération, PADEM a déjà réfléchi à sa continuité et a proposé, à la rentrée 2020, un nouveau projet au Ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement Durable du Luxembourg (MECDD). Il s’agira pour PADEM, avec un nouveau partenaire local, d’améliorer la résilience de populations rurales mongoles cibles face au changement climatique par le développement de l’isolation et de la construction durable locale. Ce projet durera 5 ans et bénéficiera directement à 2 000 habitants pour les bâtiments prototypes, 480 personnes pour des logements isolés, 320 habitants bénéficieront des retombées économiques du projet et 50 nomades bénéficieront d’un abri pour leur bétail. Indirectement, ce nouveau projet bénéficiera à 12 000 personnes environ soit la population de 4 villages.
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