[:fr]Karibu Kenya,

2eme mission pour moi en février. Arrivée matinale à l’aéroport de Nairobi, où notre partenaire local me rejoint pour un départ vers Homa Bay, sur les rives du Lac Victoria. Principal objectif de ce voyage, le lancement tant attendu du projet d’accès à l’eau pour 2 écoles de brousse. Il s’agit principalement de creuser un puits, poser une pompe solaire, construire un réservoir et un kiosque à eau afin de fournir l’école primaire et l’école secondaire mais également vendre cette précieuse ressource aux habitants de la région. Ce projet est mis en œuvre par ANPPCAN (African Network for the Prevention and Protection against Child Abuse and Neglect) et développera également tout un programme d’éducation à l’environnement.

A mon arrivée, le projet a doucement démarré depuis un mois, le temps d’installer toutes les ressources nécessaires à la mise en œuvre des activités. Le comité de gestion est donc déjà en place et semble bien investi. Durant ces quelques jours, nous nous sommes tous réunis validant ainsi les procédures, modes opératoires et l’ensemble des outils de suivi. J’ai assisté au dépouillement des offres pour le puits ainsi qu’au lancement officiel où de nombreuses autorités étaient présentes. L’eau a été célébrée avec ferveur lors de ce lancement, rythmé de discours, pièces de théâtre et de chants : « Water is life », « l’eau c’est la vie ». Ces mots sont sur toutes les lèvres : « Nous souffrons tant du manque d’eau, rien n’est fait pour nous, pas d’eau à boire, pas d’eau pour se laver, nous vivons dans la poussière, (…) ».

L’accès à l’eau est un challenge quotidien pour les habitants de la zone, où les retenues manquent cruellement. Pendant la saison des pluies l’eau est perdue. Elle ruisselle sur les pentes des montagnes, ravine une grande partie des espaces agricoles, dégrade les terres et est un facteur aggravant de l’insécurité alimentaire. Les enfants, les femmes sont responsables de collecter l’eau dans l’unique retenue de la région. Des kilomètres de marche pour une eau remplies d’alluvions, de terre, impropre bien sûr à la consommation. Il n’y a malheureusement, pour le moment, aucune autre solution. Ces quelques jours ont donc également été l’occasion de plusieurs visites sur le terrain afin de comprendre les enjeux d’un nouveau projet, à réfléchir et écrire, autour de l’appui à la mise en place de micro-barrages.

Retour à Nairobi. Ambiance différente et de nouveau des regards remplis d’espoirs et d’envie de s’en sortir. Nous voici sur la décharge de Dandora où vivent des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants.

Trier, rassembler, collecter et revendre les déchets urbains ou ce que certains appellent encore l’or noir. Un soleil brûlant, un air irrespirable composé de fumées et d’odeurs nauséabondes, la décharge brûle, des centaines de petits feux se sont déclarés : chaleur et substances toxiques s’accordent merveilleusement bien pour un cocktail excessivement dangereux.

Pour autant, la vie, dans son incroyable résilience, y demeure, des enfants y jouent, preuve de leur imagination débordante qui les emmène loin de cet enfer. L’être humain dans sa capacité d’adaptation m’émerveille et me donne une énergie incroyable pour donner vie à ce projet et accompagner notre partenaire local, DADREG (Dandora Dumpsite Rehabitilation Group), dans son travail quotidien pour sortir durablement ces familles de Dandora.

Nous n’avons pas, à ce jour, le financement global mais avons décidé de démarrer avec un nombre réduit de bénéficiaires, 50% d’entre eux. Education formelle dans le système classique, formation professionnelle, accompagnement par un système de parrainage, développement d’un fond revolving pour des activités génératrices de revenus. Un petit budget mais des actions ambitieuses. Après tout, ce n’est que le début et l’impact est déjà grand.

Le projet lancé, je quitte Dandora pour Kibera. La lumière de l’après midi rase les toits des bidonvilles, les enfants ont quitté les classes, les rues sont animées, c’est un vendredi après-midi, lumineux et l’atmosphère y est particulièrement douce. Nous marchons, avec Teka, le coordinateur de notre projet au sein de la KGSA, le long de la voie ferrée, longeons des murs où sont écrit des mots chargés de sens : « Smile », « Dream », « Believe » : les écrire, les lire, les dessiner pour ne pas les oublier et continuer. Un plongeon dans Kibera, un endroit que je me surprends à apprécier, l’envie d’y passer plus de temps est très forte. Ce lieu n’est pas comme les autres et étonne.

PADEM accompagne depuis 10 ans une école secondaire de filles, la KGSA : « Kibera Girl School Accademy ». De la construction des salles, aux salaires des enseignants, formations des filles, évènements sportifs, sorties scolaires, repas, les activités sont nombreuses, variées et le partenariat solide et empreint de confiance.

3 projets kenyans font donc partie des activités de PADEM. Des projets qui répondent à un besoin urgent des bénéficiaires pour l’amélioration des conditions de vie. Une perspective nouvelle et encourageante est le partenariat envisagé de nos 2 partenaires DADREG et KGSA : les filles de la décharges en âge d’aller dans le secondaire pourraient intégrer le futur internat et donc l’école de la KGSA. La connexion se fait et l’énergie est décuplée pour plus de pérennité et de durabilité.

Let’s work on it !

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